Migrants : le camp de La Chapelle évacué pour la 35ème fois… et après ?

19 Août 2017 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Pour la 35ème fois en deux ans, le camp de migrants de La Chapelle, dans le nord de Paris, a été évacué ce vendredi 18 août. Un démantèlement de plus qui ne règle pas le problème de fond de l’arrivée et de l’asile des migrants.

Sur le boulevard Ney, le rituel de l’évacuation des migrants du camp sauvage de la Porte de La Chapelle, dans le nord de Paris, est désormais bien rodé. Alors, avant même que l’opération ne soit terminée ce vendredi 18 août à l’aube, François Ravier, secrétaire général de la préfecture d’Ile-de-France, annonce l’étape suivante : réaliser « un examen de leur situation administrative dans les jours qui viennent afin que leur orientation soit la plus adaptée à leur situation ». En clair, discerner les migrants qui peuvent demander l’asile en France des « dublinés », c’est-à-dire ceux qui doivent être renvoyés dans le pays par lequel ils sont arrivés sur le sol européen pour y demander l’asile, en vertu des accords de Dublin.
Le problème des « dublinés »

roblème, ces accords sont décriés depuis le début de la crise migratoire, en 2015. En effet, en cas d’afflux important, ils limitent les possibilités d’asile à quelques pays en première ligne, comme l’Italie et la Grèce, qui se trouvent débordés. Résultat, les migrants quittent clandestinement ces pays et traversent l’Europe jusqu’à échouer dans des campements sauvages comme celui de La Chapelle.
 

reuve que les autorités ne sont pas inconscientes de ces déficiences, un mécanisme de solidarité avait été mis en place par la Commission européenne en septembre 2015 afin de mieux répartir les migrants dans les pays membres. Mais celui-ci a échoué, notamment à cause de l’opposition de certains pays. L’objectif initial de relocaliser 160.000 personnes arrivées en Grèce et en Italie a été rabaissé à 33.000 d’ici à la fin du plan, prévue pour septembre prochain. Au 9 juin, seules 20.869 relocalisations ont été effectuées d’après la Commission européenne.

Malgré cet échec, le gouvernement français a présenté le 12 juillet un « plan migrants »  qui ambitionne entre autres de proposer une réforme de la procédure de Dublin au niveau européen. Le tout grâce à un nouveau mécanisme de solidarité du même type que celui de septembre 2015, avec une répartition des migrants dans différents pays. Au niveau national, ce plan prévoit la création de « pôles spécialisés dans la mise en œuvre de la procédure de Dublin », avec la création de 1.000 places d’hébergement spécifiques d’ici à la fin de l’année pour les personnes en attente de transfert.

En attendant, l’application de la procédure de Dublin est « kafkaïenne », dénonce Pierre Henry, directeur de l’association France Terre d’Asile. « Les réadmissions prennent du temps, en attendant on fait quoi de ces gens ? Pour ceux qui ont été enregistrés en Suède, ça va, mais ils sont peu, beaucoup l’ont été en Italie ». Le passage maritime entre la Libye et l’Italie est en effet devenu la première route migratoire depuis un accord de l’Union européenne avec la Turquie en 2016 fermant quasiment la route grecque. En dépit de tous ces dysfonctionnements, le secrétaire général de la préfecture détaille : « Nous allons entrer en contact avec les pays où les migrants concernés peuvent demander l’asile ».
L’Ofii s’occupe des démarches administratives

C’est la 35ème fois en deux ans que l’Etat démantèle le camp de la Porte de La Chapelle, qui se reforme à chaque fois. Ce vendredi matin, 2.459 migrants ont été emmenés dans 18 centres d’accueil provisoires, des gymnases en Ile-de-France. Soit environ 300 de moins que lors de la précédente évacuation, le 7 juillet. La procédure s’est déroulée dans le calme. Les CRS utilisaient le boulevard Ney, fermé à la circulation, comme une écluse jusqu’à la zone d’embarquement des bus, en filtrant le passage des migrants. L’embarquement s’est déroulé sur un terrain vague à 200 mètres des premiers campements sauvages, derrière le centre d’accueil d’urgence inauguré par la mairie de Paris en novembre 2016. De tout ceux que Marianne a interrogés, aucun des migrants n’était en revanche au courant de ce qui l’attendait une fois passée la porte du bus.

Sur place, des agents de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration, l’opérateur de l’Etat chargé de l’intégration des migrants, étaient présents en nombre. Ils auront la charge de s’occuper de la clarification des différentes situations administratives. « Nos agents accompagnent les personnes dans les centres et aident à établir le recensement », explique son directeur Didier Leschi. Une fois installés, « nous informerons les migrants sur les droits à l’asile et l’aide au retour et nous participerons à l’examen administratif, en particulier pour ceux qui feront une demande d’asile », ajoute-t-il. Pour ces derniers, le parcours devrait être mieux balisé. « Nous les accompagnerons dans les logements en Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) sur tout le territoire ». Ces centres hébergent les migrants dont la demande d’asile est en cours de traitement.
Retours et nouvelles arrivées

Mais après les évacuations, certains migrants passent entre les mailles administratives. Un membre d’Emmaüs Solidarité reconnaît que « certains reviennent dans les campements » après quelques jours dans les centres d’accueil provisoires. Ajouté aux nouveaux arrivants qui affluent directement à Paris, cela le rend fataliste sur la reformation du camp  : « On sait qu’on reviendra dans deux mois pour une nouvelle évacuation… ». Une analyse que partage Pierre Henry : « Ce qui est absurde, c’est la répétition. Paris fait office d’entonnoir pour tout le pays. La réponse, on la connaît, c’est mettre en place un système d’accueil d’urgence dans chaque capitale régionale », sur le modèle de celui qui jouxte le campement sauvage de La Chapelle. Or le déploiement de ce type de structures n’est pas prévu par le « plan migrants » du gouvernement.

Sur les coups de 9 heures, la circulation commence à être rétablie sur les artères de la Porte de La Chapelle, alors que les derniers migrants occupent la file d’attente et que les agents municipaux continuent de vider et nettoyer les camps. Un simple coup de propre avant la reformation ? « Il y a eu 100 nouveaux arrivants hier, il y en aura probablement autant dès ce soir », glisse une membre de l’association Utopia 56, dépitée.
source : Marianne.net

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