Trump ordonne de ne plus recruter de personnes transgenres dans l’armée

27 Août 2017 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

En prenant cette décision, le locataire de la Maison-Blanche confirme en partie ce qu’il avait annoncé fin juillet. Il laisse toutefois à l’armée le soin de trancher le cas des personnes transgenres qui ont déjà été embauchées.

Il l’avait annoncé en juillet dernierLe président américain Donald Trump a signé vendredi un document ordonnant au Pentagone de ne plus recruter de personnes transgenres. Dans ce texte transmis au ministre de la Défense, Jim Mattis, Donald Trump souligne également que le Pentagone ne prendra plus en charge les traitements médicaux des militaires transgenres travaillant déjà au sein de l’armée. Il laisse toutefois au département de la Défense le soin de trancher les cas de ceux qui sont déjà enrôlés.

Concrètement, Donald Trump a demandé au Pentagone «de revenir à la politique et aux pratiques appliquées de longue date dans les forces armées au sujet des personnes transgenres», et ce à compter du 23 mars 2018, a détaillé un porte-parole de la Maison-Blanche, tout en rejetant l’aspect discriminatoire de la décision. Ce dernier a même rappelé les engagements de Donald Trump lorsqu’il avait promis, durant la campagne présidentielle, de se battre en faveur des personnes LGBT. Sur le plan administratif, Jim Mattis et les services de sécurité intérieure américains devront soumettre à la Maison-Blanche d’ici la mi-février un plan de mise en oeuvre de cette nouvelle politique.

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Un coût financier «énorme», selon Trump

Dans une salve de tweets fin juillet, Donald Trump avait déclaré qu’il comptait interdire aux personnes transgenres de servir dans l’armée, mettant en avant «le fardeau des coûts médicaux énormes» et des «perturbations» qu’elles entraînaient, sans plus de détail. Une annonce qui n’avait pas manqué de surprendre les autorités militaires, le président ayant omis de mettre au courant le Pentagone. Depuis, plusieurs hauts gradés ont fait état de leur malaise face à ce changement.
«Lâcheté»

En prenant cette décision, Donald Trump est revenu sur une annonce emblématique de son prédécesseur démocrate Barack Obama, qui avait décidé que l’armée devrait accueillir des recrues transgenres. À la mi-août, Donald Trump assurait avoir rendu «un grand service» à l’armée américaine en interdisant aux personnes transgenres de servir. «Vous savez, c’est un sujet très compliqué pour l’armée. C’est un sujet très perturbant pour l’armée», avait-il lancé.

Une partie de la classe politique ainsi que les défenseurs des droits civils ont condamné cette décision qui représente, selon eux, un recul des droits LGBT. Chelsea Manning, ancienne militaire condamnée pour avoir fourni à WikiLeaks des milliers de documents secrets de l’armée américaine, avait fin juillet dénoncé un deux poids, deux mesures. «Donc la plus grande armée, la plus forte, la plus chère de la planète se lamente pour quelques personnes trans, mais finance les avions de chasse F-35? Je crois que ça ressemble à de la lâcheté.», avait écrit cette analyste militaire qui avait demandé à changer de sexe durant ses années de détention.
Un coût modeste, selon une étude

Au-delà du caractère discriminatoire de la décision, ses détracteurs remettent en cause l’argument financier avancé par le locataire de la Maison-Blanche. Une étude, commandée par le département de la Défense en 2016, montre en effet que l’intégration des transgenres dans l’armée américaine aurait des répercussions financières «minimes». Dans le détail, cette étude menée par la RAND Corporation – une insitution à but non lucratif – a estimé de 1320 à 6630 le nombre de personnes transgenres dans les rangs de l’armée. D’autres sources avancent le chiffre de 15.000 personnes sur 1,3 million de militaires en service actif. D’après les calculs de la RAND Corporation, il y aurait entre 30 et 140 nouveaux traitements hormonaux par an et entre 25 et 130 opérations chirurgicales chaque année, selon cette étude citée par CNN. Le coût global varierait entre 2,4 et 8,4 millions de dollars par an, ce qui représenterait une «proportion extrêmement faible» des dépenses totales de soins de santé, qui tournent autour des 49 milliards de dollars.

Fin juillet, le  Huffington Post  a même fait un parallèle avec les dépenses effectuées par l’armée en… Viagra. Ce médicament, utilisé pour traiter les problèmes d’érection, coûterait au ministère de la Défense américain 84 millions de dollars. 

Le timing de cette annonce a vivement été critiqué dans la presse américaine samedi. Car alors qu’un puissant ouragan de catégorie 4 (sur 5) se dirigeait vers les États-Unis, Donald Trump a également gracié l’ancien shérif controversé Joe Arpaio.  Deux décisions attendues depuis plusieurs semaines. L Washington Post  soupçonne le président de faire passer des mesures controversées pendant que tous les yeux sont rivés vers l’ouragan. La classe politique en a fait de même et qualifié son comportement de «lâche» dès vendredi soir.

In fine, quelles pourraient être les conséquences d’une telle décision? La démobilisation des personnes transgenres pourrait avoir un impact sur certaines unités, mais les observateurs s’inquiètent surtout des répercussions négatives sur l’image de l’armée, en particulier parmi les jeunes américains qui pourraient hésiter à s’engager dans une institution pratiquant des politiques discriminatoires. Cinq soldats transgenres ont porté plainte contre Donald Trump et le Pentagone début août. Les cinq femmes dénoncent notamment l’incertitude qui entoure leur avenir, expliquant notamment qu’elles ne savent pas si elles conserveront leur poste.

(Avec AFP)

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