Fusion Alstom/Siemens : oui à la préservation d’Alstom. Non au renoncement européen.

18 Fév 2019 | Connexion | 0 commentaires

CONNEXION. La lettre argumentaire PDF, rédigée par Jean-François Touzé et Franck Timmermans.
Il existe deux façons d’appréhender le refus de la Commission européenne de voir fusionner les groupes Alstom et Siemens dans une seule entité censée constituer un géant continental du ferroviaire.

  • La première approche consiste à se réjouir de ce que Alstom, fleuron de l’industrie française, soit conservé dans le giron national avec pour conséquence la préservation à moyen terme de ses capacités entrepreneuriales et de l’emploi qui leur est lié. Nul doute, en effet, que la fusion se serait faite au profit de l’allemand Siemens avec en perspective des « optimisations » en personnel et en localisation.
  • La seconde passe par un regret : celui que l’Europe soit incapable de dépasser ses dogmes libéraux et anti monopolistiques, et privilégie, comme toujours, par habitude autant que par idéologie, le court terme. Car s’il est vrai aujourd’hui que le chinois CRRC ne menace pas notre continent d’une ruée immédiate sur le marché du rail, rien n’indique que cela ne sera pas le cas dans vingt ans. Au moment où Airbus, symbole de la réussite européenne par coopération annonce la fin de son A 380, là encore par manque de vision et défaut d’anticipation, on peut se désoler de l’absence de projection stratégique de cette Europe aveugle.

Une chose est sûre : en ce début de mois de février, à 8 000 kms de Bruxelles, en plein centre de Pékin, on a sabré le champagne. Né en 2015, fort de plus de 18 000 salariés, d’un chiffre d’affaires de 26 milliards d’euros, le chinois CRCC est incontestablement le premier constructeur mondial de matériel ferroviaire. Présent dans plus de 100 pays ou régions, il fabrique de tout : des rames de métro, des wagons, des locomotives à diesel ou électriques, ou encore des trains à grande vitesse. Son ambition : faire de l’ombre au Japonais Kawasaki, au Canadien Bombardier, et aux deux groupes européens, Alstom et Siemens. Et pour parvenir à ses fins, il dispose de deux atouts majeurs : le soutien stratégique offensif total de l’État chinois et son mépris de la rentabilité puisqu’il est largement financé sur fonds publics, ce qui lui permet de casser les prix en étant entre 20 et 30 % moins cher que ses concurrents. Dans un monde globalisé et en profonde mutation, la marche ambitieuse d’une économie européenne devrait pourtant imposer à l’Europe le recours au volontarisme planétaire. Car pendant que l’Union européenne gère les questions industrielles, économiques et internationales en petit tabellion du renoncement civilisationnel, nos concurrents qui, demain peuvent être nos adversaires, avancent, un à un, leurs pions. Y compris militaires. C’est ainsi que selon l’Amiral Christophe Prazuck, la Chine, en moins de quatre ans a construit l’équivalent de toute la flotte nationale française. Une montée en puissance, économique, militaire, navale qui ne semble pas troubler le lourd sommeil des technocrates de Bruxelles.

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