Les frappes aériennes menées par les États-Unis sur plusieurs installations nucléaires iraniennes ont été perçues, dans un premier temps, comme un acte de guerre majeur. Mais les premières observations, validées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et les autorités saoudiennes, n’indiquent aucune hausse de radioactivité. Il semble donc que les sites n’aient été que partiellement endommagés, sans altérer les capacités nucléaires fondamentales de l’Iran.
Ce constat suggère que ces frappes relèvent davantage d’un coup d’éclat symbolique que d’une opération militaire stratégique. Elles apparaissent comme une manœuvre calibrée de l’administration Trump, plus soucieuse de démontrer une posture de fermeté que de réellement transformer le rapport de force sur le terrain.
Un autre détail renforce l’idée de mise en scène assumée : selon plusieurs sources ouvertes, les bombardiers B-2 Spirit ayant mené l’opération ont décollé de leur base continentale aux États-Unis avec leur transpondeur allumé, permettant à tout observateur doté d’outils de suivi aérien comme ADS-B Exchange – un site spécialisé dans le repérage des avions militaires – de suivre leur trajectoire en temps réel. Dans le cadre d’une véritable opération clandestine, ces appareils furtifs auraient volé en silence radio et en mode invisible. Ce choix de visibilité volontaire confirme la dimension démonstrative de cette frappe, destinée à être vue autant qu’à être exécutée.
Donald Trump, revenu au pouvoir dans un climat intérieur extrêmement tendu, semble encerclé par les pressions du complexe militaro-industriel, des lobbies sécuritaires et des cercles néoconservateurs. Sa politique étrangère s’apparente désormais à une série de compromis tactiques, dictés non par une vision d’ensemble mais par la nécessité de conserver un équilibre instable entre ses soutiens et ses contraintes. Ces frappes s’inscrivent dans cette logique : envoyer un signal fort sans assumer les conséquences d’un conflit total.
Mais l’élément central de l’équation régionale reste Israël, et plus précisément le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Alors que les frappes américaines pouvaient servir de levier pour une désescalade, Netanyahou aurait choisit de poursuivre l’escalade militaire. Cette obstination interroge : s’agit-il encore de contenir un programme nucléaire ou d’autre chose ?
De plus en plus d’indices laissent penser que la stratégie israélienne vise non plus seulement à affaiblir l’Iran mais à désorganiser l’ensemble de la région. Le maintien volontaire d’un état de guerre permanent servirait des intérêts plus larges : briser tout projet d’équilibre multipolaire, empêcher l’émergence de puissances régionales concurrentes et ancrer Israël comme seule puissance stabilisatrice légitime aux yeux de l’Occident.
Pourtant, cette stratégie du chaos présente des risques existentiels pour Israël lui-même. En raison de son territoire réduit, le pays est hautement vulnérable à une riposte iranienne, notamment via des missiles hypersoniques et, à plus long terme, avec le soutien technologique accru de la Chine et de la Russie. L’Iran, bien que touché, n’est ni désarmé ni isolé – et il pourrait, à terme, non seulement résister mais sortir renforcé de l’épreuve.
Par ailleurs, cette guerre ne peut plus être lue uniquement sous l’angle militaire. Certains éléments de la classe dirigeante israélienne semblent agir selon une logique idéologique radicale, fondée sur des interprétations religieuses de la fin des temps. Pour ces courants extrémistes, le chaos régional – voire mondial – est vu comme une étape nécessaire à l’accomplissement de desseins eschatologiques, nourris de lectures messianiques. Si cette dynamique n’est pas contenue, elle pourrait déboucher sur un affrontement généralisé à l’échelle globale.
Les frappes américaines contre l’Iran ne marquent pas un tournant militaire, mais révèlent l’impuissance stratégique de Washington et l’orientation radicale d’une partie de la classe politique israélienne. Si les États-Unis envoient des signaux ambigus, Israël franchit, lui, les lignes rouges sans retenue.
La communauté internationale ne peut plus se permettre de rester passive. Il ne s’agit plus seulement d’éviter une guerre mais de freiner une logique de destruction systématique qui, si elle n’est pas contenue, risque de plonger le Moyen-Orient – et au-delà – dans une spirale irréversible de violence.
Maxime Morlon – Secrétaire général adjoint du Parti de la France
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