Menaces, insultes, pétitions : supprimer la fête des mères à l’école, un sujet qui fâche

18 Mai 2018 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Alors que l’on célèbre toutes les mamans le dimanche 27 mai en France, cette tradition est désormais remise en cause par certains établissements scolaires. Divorce, remariage, décès, deux papas ou deux mamans…, il est en effet bien difficile de ne pas commettre d’impair. Mais cette décision peut parfois virer au pugilat.

« Je regrette, je n’ai rien à dire à ce sujet », « je ne parlerais pas de ça à un journaliste », « notre établissement a reçu des menaces quand on a voulu arrêter, je ne reviendrais pas là-dessus », « c’est au libre-arbitre des enseignants »…  Parler de la fête des mères à des chefs d’établissements scolaires qui ont pris la décision de ne plus la fêter, est devenu presque aussi sensible que d’évoquer le harcèlement scolaire ou la pédophilie.

 

Mais que se passe-t-il autour de cette sacro-sainte fête familiale que l’on célèbre cette année en France le dimanche 27 mai ? Pourquoi  cette fête un peu obsolète, issue de vieilles traditions, réhabilitée par Pétain, déclenche-t-elle autant de réactions quand on menace de la supprimer à l’école ? Bien sûr, quand notre enfant nous offre le fameux collier de nouilles et récite son petit poème, il est bien rare de ne pas être étreint par l’émotion. Et que dire de nos étagères qui gardent mélancoliquement le lapin en pâte à sel ou la boîte de camembert transformée en boîte à bijoux, offerts par le petit dernier…

 

Oui mais voilà, les schémas familiaux ont évolué et les professeurs se retrouvent bien souvent dans leur classe avec des enfants de parents divorcés, de papas célibataires, de couples homosexuels ou qui ont perdu leur maman. Du coup, chaque année, dans presque toutes les écoles, en conseil des maîtres, la fête des mères est devenue un sujet de discussion enflammée. Il y a les pour et les contre. Comme pour la kermesse de fin d’année ou Noël. Résultat, certains chefs d’établissements ont trouvé la parade en instaurant une « fête des parents » ou « la fête des gens qu’on aime ».

 

Mais d’autres ont décidé de franchir le rubicon et assument pleinement cette décision : « On ne célèbre plus la fête des mères depuis 2015 », précise ainsi à LCI Christine Cousin, directrice de l’école primaire Jean Moulin à Angoulins en Charente-Maritime. « Cette année-là, deux de nos élèves ont perdu leur maman et du coup cela nous a paru bien futile. Sans compter cette maman venue réclamer son cadeau le lundi car c’était le week-end du papa et son fils n’avait pas pu lui offrir. A ce moment-là, on s’est dit que cette fête relevait vraiment du domaine privé. Car s’il faut en plus gérer les plannings des familles, ça tourne au ridicule. Finalement, il y a d’autres occasions en classe pour fabriquer de petits objets ou des dessins et les offrir aux gens qu’on aime. Pas besoin d’un moment particulier », estime-t-elle.

 

our autant, supprimer la traditionnelle fête des mères dans les écoles est loin de faire l’unanimité. L’ancienne directrice de l’école d’Allinges en Haute-Savoie l’a appris à ses dépens. Quand elle a pris cette décision en 2014, elle a du faire face à une levée de boucliers de la part des parents qui ont très vite lancé une pétition. Radios, télés, journaux… la polémique avait alors eu un retentissement national. Et la mairie avait demandé sa mutation. 

 

our le directeur de l’école maternelle Simone Signoret à Montpellier, ces réactions sont incompréhensibles. Et pourtant lui aussi a du rétropédaler après avoir tenté en 2012 de toucher à cette sacro-sainte fête des mères. « Ça ne rentre pas dans les moeurs. Quand je l’ai fait, mon établissement a été tagué et j’ai reçu des lettres d’insultes », raconte-t-il à LCI. « La pression des familles est énorme. Et puis, toucher aux mères, c’est sacré. Je ne crois pas que si l’on supprimait la fête des pères, cela aurait le même impact », poursuit-il. Du coup, l’année suivante, il a réinstauré la fête des mères… et des pères, histoire d’arrondir les angles.

Caroline Mengin, enseignante et auteur du blog Un jour en maternelle s’est elle retrouvée devant un autre cas de figure, ou cette fois, ce sont les enfants eux-mêmes qui se sont rebellés contre cette pratique. « Quand j’étais maîtresse de CE1, quasi la moitié des enfants de ma classe avait des parents séparés ou divorcés. La majorité de ces élèves étaient gardés par leur mères même si la garde partagée devient plus courante ces dernières années. Cela ne justifie pas que les pères soient privés de cadeaux, évidemment ! Alors quelle ne fut pas ma surprise et ma tristesse quand j’ai découvert des enfants de 7 ans qui s’écriaient spontanément : ‘Ha non ! Moi je ne veux pas faire de cadeaux à mon père !’. Et s’ensuivait la liste de leurs récriminations : la plus courante était ‘je ne vois (presque) plus mon père depuis que mes parents sont séparés’ puis venait ‘il n’est pas gentil avec maman’ ou ‘il n’est pas gentil avec nous' », écrit-elle sur son blog.

 

« Ça m’a beaucoup choqué d’entendre ça (…), puis c’est revenu chaque année pour quelques élèves de mes classes. Mais que pouvais-je faire sinon écouter ces enfants et ne pas rajouter l’angoisse d’une fête surfaite à leurs souffrances ? La fête des pères est donc une fête que personnellement je ne prépare plus dans mes classes. Alors, même si je n’ai pas encore eu d’opposition de mes élèves à fêter la fête des mères, forcément cela la remet en cause aussi. Si on ne fête pas les pères, pourquoi fêterait donc les mères ? Quelque part, on force un lien et on accepte le délitement de l’autre ? », poursuit-elle.
En 2014, le député LaREM Olivier Marleix avait interrogé, dans une question à l’Assemblée, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale sur « les nouvelles pratiques de certaines écoles » concernant la célébration de la fête des mères. Najat Vallaud-Belkacem lui avait alors répondu qu’il n’y avait pas « d’instruction ministérielle s’agissant des travaux réalisés par les enfants à l’occasion de la fête des mères et des pères. […] Ils relèvent de la liberté pédagogique de l’enseignant ». La loi n’indiquant aucune directive, la fête des mères dans les écoles devrait donc continuer d’évoluer avec les moeurs. 

source : lci.fr

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