Je n‘en peux plus.
Je n‘en peux plus d‘être né dans un pays en voie de tiers-mondisation depuis plus de 50 ans.
Ce 20 mars 2020, je me vois confirmer par les chaînes de télévision que la Corée du sud – pour ne citer qu‘elle – a désormais vingt ans d‘avance en matière d‘urgence sanitaire sur notre pays qui vit naître Paré, Bichat, Laennec, Pasteur, Clémenceau (il était aussi médecin !), Cabrol, et tant d‘autres.
Ce 20 mars 2020, j‘apprends que l‘armée française, autrefois réputée comme la première armée du monde (ce n‘est pas si vieux : 80 ans !), est en passe de mettre en oeuvre une mission délicate : tenter d‘aider les hôpitaux alsaciens tragiquement submergés en installant une antenne de réanimation, dont on ne sait pas très bien, à écouter les médias, si elle comprendra 30 ou 60 lits. Alors disons 60.
Cette ambition affichée par Monsieur Macron, président de la république en titre mais sans majesté et sans majuscules, lors de sa déclaration télévisée du lundi 16 mars, n‘est toujours pas suivie d‘effets, ce vendredi soir. Les patients en état de détresse respiratoire attendent toujours. J‘ose espérer que le premier des Français (?!) a donné des ordres en ce sens très en amont de sa déclaration, mais même ça, je n‘en suis pas sûr.
Voilà donc l‘état d‘avancement de cette opération : demain, samedi 21 mars, SIXIÈME JOUR APRÈS MACRON, il n‘est même pas certain que ces premiers malades soient enfin pris en charge. L‘ARMÉE, PAS EN MESURE D‘ASSURER LA PRISE EN CHARGE DE 60 MALADES APRÈS 6 JOURS DE DÉLAIS ?
Alors, tout de suite, j‘insiste sur une chose essentielle : je n‘incrimine pas l‘Armée dans cette affaire. Ils n‘ont plus de moyens, et le peu qui leur reste est envoyé en Afrique ou dans sa banlieue. Il n‘est en fait même pas sûr qu‘ils aient reçu des consignes avant l‘effet d‘annonce du “chef de l‘État“. Les soldats français sont héroïques. Ils font avec des bouts de ficelle. Comme font de leur côté les médecins, les infirmiers, les aides-soignants, les pharmaciens et tout le personnel médical. Comme font de leur côté tous ceux qui, d‘une façon générale, font fonctionner la Nation (on aurait parlé autrefois des missions régaliennes).
Non. Les fautifs sont ceux qui, depuis d‘autres sphères, l‘ont laissée dépérir, depuis des années. Les mêmes qui ont fermé les robinets budgétaires (pour faire quoi de l‘argent ?). Qui ont systématiquement démonté l‘armée donc, mais aussi et entre autres les infrastructures de santé. Qui ont démonté tout, en fait.
Et que dire du ministre des Armées? C‘est bien simple : je ne sais même plus qui c‘est, à force de ne pas l‘entendre.
Et que dire de la Buzyn zinzin ? Celle qui crache dans la soupe APRÈS N‘AVOIR RIEN FAIT ?
Ce 20 mars 2020, jour du Printemps, je me souviens que des tonnes de matériels ont été envoyés en Chine voici deux mois. Et d‘autres en Algérie. Et d‘autres… Matériels qui nous manquent cruellement maintenant. Que les Français sont confinés chez eux, sauf les sans-logis (non pris en charge parce que Français), dont on n‘entend plus parler du tout (sauf ceux de Lyon qui se sont fait verbaliser !). OÙ PEUVENT-ILS BIEN SE CONFINER, EUX ?
La crise est là. Elle est là parce que, pendant cette “phase 1“ dont on ne parle guère, il n‘y a eu quasiment aucun contrôle aux frontières. Pour une raison bien simple : il n‘y a plus de frontières, à part dans les aéroports, et encore.
Et puis on se moque de nous. J‘ai vu avant hier le Professeur Salomon – remarquable par ailleurs – déclarer, en pétard et à contre coeur, je l‘ai bien ressenti, que porter un masque quand on n‘est pas infecté est une hérésie. Ça ne servirait à rien et serait même dangereux, nouvelle musique fort différente de celle qui nous a été jouée une semaine plus tôt. Il a conclu en disant que les heureux possesseurs de masques doivent dare-dare les déposer en pharmacie à destination des personnels de santé (qui eux savent s‘en servir, quoi !).
J‘insiste : lui, habituellement si posé, si professionnel, cachait mal sa colère. Et comme on le comprend : quel aveu sur l‘état de déliquescence des stocks hospitaliers ! Il a dû, sur ordre (de qui ?) et en direct, avaler son chapeau.
Alors, voilà, attendons encore un peu. Mais il faudra bien un jour faire le bilan de tout ça.
Il faudra bien qu‘un jour les Français (survivants) demandent des comptes.
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