Chine de Xi Jinping : le nouvel empire à la conquête du monde.

31 Mar 2019 | Connexion | 0 commentaires

CONNEXION. La lettre argumentaire PDF, rédigée par Jean-François Touzé et Franck Timmermans.
  Chine de Xi Jinping :    le nouvel empire à la conquête du monde.       En accueillant, à Nice d’abord, puis à Paris, le président chinois Xi Jinping, Emmanuel Macron n’a pas seulement reçu le maître tout-puissant de l’Empire du milieu. Il a surtout courbé l’échine devant celui qui est aujourd’hui un concurrent majeur de la France et de l’Europe, et se prépare minutieusement à en être demain un adversaire, voire un ennemi dévastateur. L’offensive islamique, la démographie exponentielle de l’Afrique, le tsunami migratoire, la domination économique, politique et culturelle des États-Unis sur notre vieux continent, ont pour effet d’occulter cette autre menace, tout aussi lourde mais moins immédiate, qu’est la mise en route du rouleau compresseur chinois sur la voie que ce pays d’1 milliard quatre cents millions d’habitants à la natalité constante mais tenue, considère être conforme à son destin plusieurs fois millénaire. La nature d’un régime – et le régime communiste chinois est un des plus abominables d’un monde qui en a pourtant vu d’autres – ne change pas profondément la nature des peuples. Confucius disait « Une petite impatience ruine un grand projet ». Imprégné de la pensée du vieux sage du Pays de Lu tout autant que de celles de Marx, d’Engels et de Mao, Xi le conquérant sait que le temps joue pour lui. Dans ces conditions, les marchés concédés à la France lors de cette visite – électricité et vente de 300 Airbus pour 30 milliards (somme qu’il convient de pondérer en raison du coût à déduire de la sous traitance ; contrat obtenu au prix d’un inévitable transfert de technologie vers la Chine ; avions qui seront réalisés et assemblés sur le territoire chinois pour un gain direct pour l’emploi français nul, gain induit, faible)- ne sont au regard de Pékin que du sable versé pour mieux endormir les esprits. L’offensive chinoise n’en est pas moins une réalité. Elle est planifiée et massive. Elle s’exerce tous azimuts mais en se concentrant autour de quatre axes principaux.

  • Axe commercial : avec un budget de 1 000 milliards de dollars presque entièrement financé sur fonds publics, le projet dit de Route de la soie initié par Pékin dès 2013 et qui est entré dans sa phase opérationnelle vise à contrôler les accès terrestres, aériens et maritimes permettant à la Chine de déverser ses produits, fruits d’une économie libéralo-étatique et surprotégée, sur l’ensemble de la planète, marchés publics inclus, sans respect aucun des règles de l’OMC ni des normes environnementales et sanitaires. À l’inverse, la Chine sait réguler ses importations et dresser ses barrières douanières, et seul 2 % des marchés publics chinois sont accessibles aux entrepreneurs étrangers.
  • Axe financier : la Chine détient pour 1 200 milliards de bons du trésor US et 20 % de la dette américaine détenue à l’étranger l’est par l’État chinois qui est à hauteur de 1 800 milliards de dollars le premier créancier des États-Unis. Qu’elle décide de se débarrasser massivement de ses obligations (elle a commencé à le faire pour 4,4 en guise d’avertissement), et la planète tout entière entrera dans une crise profonde. Avec cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes, les économies mondiales sont désormais dépendantes de Pékin.
  • Axe stratégique : la Chine achète l’Europe. En échange de la possibilité pour elle d’exporter les oranges siciliennes, l’Italie vient de permettre à la Chine d’investir 20 milliards d’Euros dans les ports de Gêne et de Trieste, mais aussi dans ses réseaux de télécommunication. La Grèce, elle, a concédé en 2016 le port du Pirée. Le Portugal, quant à lui, se prépare à vendre à Pékin son principal électricien, EDP, qui assure 80 % de sa production nationale. La France où de nombreuses personnalités du monde économique, par l’odeur des yuans alléchées, et politique (à l’instar de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin) agissent comme de véritables agents d’influence au service d’une puissance étrangère, n’a pas échappé à cette offensive : on se souvient de l’aéroport de Toulouse, et l’on sait les ambitions chinoises sur le ferroviaire auxquelles Bruxelles a refusé de s’attaquer en contrant la fusion de Alstom/Siemens. La commission européenne brille d’ailleurs par son laisser faire qui n’oppose aux manœuvres chinoises qu’un vague règlement destiné à filtrer les investissements, règlement non contraignant puisqu’il n’établit que la nécessité de l’information entre partenaires et qui n’entrera en vigueur qu’après 2020. Dans le même temps, afin de mettre la main sur les matières premières dont elle a un besoin vital, la Chine se paye aussi l’Afrique par un financement direct et massif des infrastructures, ports, autoroutes, voies ferrées, barrages. Il y avait la Françafrique. Il y a désormais la Sinafrique.
  • Axe militaire : la Chine n’a plus pour seul objectif d’être la première puissance régionale d’Asie. Ses ambitions sont désormais planétaires et elle est bien décidée à se doter des moyens de les accomplir. Avec 150 milliards de dollars, le budget 2017 consacré à ses forces armées était déjà en hausse de 7 %. Il aura été de 175 milliards pour 2018, en hausse à nouveau de 8 %. Et cet effort colossal devrait se poursuivre en 2019 et 2020. Particulièrement choyée par l’État – ce qui témoigne du caractère planétaire des visées chinoises – la marine verra le nombre de ses porte-avions passer de quatre actuellement à sept en 2025, et possiblement davantage, puisque selon le magazine The Diplomat, l’augmentation pourrait même être de sept unités, soit au total onze super bâtiments.

En 1973, Alain Peyrefitte publiait Quand la Chine s’éveillera. Vingt-cinq ans plus tard, dans La Chine s’est éveillée, il écrivait ces lignes prémonitoires : « Depuis l’effondrement de l’URSS, on va répétant qu’il n’y a plus aucune superpuissance. C’est une erreur. Il y en a désormais deux et la deuxième à bien des chances de dépasser la première dans le nouveau siècle. Peut-être même dans ses premières décennies (…) En France, on ne l’a pas compris. Il suffit pourtant d’ouvrir les yeux ». La machine est en marche. Elle ne s’arrêtera que si son intérêt l’y contraint ou si s’érigent, face à elle, les barrages nécessaires. Seule une Europe unie dans une volonté de résistance basée sur le relèvement des nations identitaires dans une triple dimension diplomatique, économique et militaire, en partenariat avec la Russie sera en mesure de faire face et de contrer cette menace qui, si rien n’est fait, se traduira, au mieux par une mise sous tutelle du vieux continent, au pire par son asservissement.

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