Dans un retournement de situation aussi spectaculaire qu’inhabituel, le président américain Donald Trump a annoncé ce matin un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, après avoir ordonné des frappes ciblées sur plusieurs sites nucléaires iraniens. Mais loin d’une opération militaire décisive, il s’agirait en réalité d’une manœuvre essentiellement politique, qui redessine les équilibres du conflit sans véritablement en changer la nature.
Les frappes américaines n’ont pas atteint leur objectif stratégique. Selon de nombreuses sources, les installations visées avaient été préventivement évacuées par l’Iran, qui avait anticipé une action militaire américaine. Aucun mort, aucune infrastructure critique détruite : il s’agit de frappes plus symboliques que réelles, pensées avant tout pour envoyer un message diplomatique, plus que pour infliger des pertes.
L’Iran, de son côté, a su faire preuve d’anticipation et de maîtrise. Sans accord formel avec Washington, mais avec une lecture lucide des intentions américaines, Téhéran a su préserver l’essentiel tout en laissant aux États-Unis une porte de sortie « virile » et médiatisable. Le régime iranien ressort de cet épisode renforcé sur la scène régionale, ayant évité l’affrontement direct tout en gardant son sang-froid face à une provocation extérieure.
En revanche, Israël se retrouve aujourd’hui dans une position diplomatique inconfortable. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui justifiait son offensive contre l’Iran par l’existence d’un programme nucléaire actif et menaçant, se voit privé du casus belli qui légitimait son action. En frappant en premier et en annonçant un cessez-le-feu, Trump a court-circuité la stratégie israélienne, isolant Tel-Aviv sur le plan international.
Alors que l’Europe appelait à la retenue et que la France plaidait pour une désescalade durable, l’initiative américaine a imposé un gel du conflit sans concertation ni coordination avec ses alliés, mais avec un effet immédiat : l’endiguement d’une possible guerre régionale.
Pour la France, et plus largement pour l’Union européenne, ce nouvel épisode souligne l’urgence d’un véritable leadership diplomatique indépendant, capable de peser dans les grandes crises internationales sans dépendre des initiatives unilatérales américaines. Car si cette opération a évité le pire, elle ne règle rien sur le fond, et laisse intactes les tensions sous-jacentes entre Israël, l’Iran et leurs alliés respectifs.
Le conflit a changé de forme, pas de nature. L’Iran a gardé la main. Israël est affaibli. Trump, une fois de plus, a improvisé une sortie spectaculaire. Mais la stabilité durable de la région ne pourra venir que d’un processus politique multilatéral, auquel l’Europe doit désormais s’efforcer de contribuer.
Maxime Morlon – Secrétaire général adjoint du Parti de la France
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